Dans les sociétés africaines, comme c’est le cas au Niger, beaucoup d’enfants notamment les filles sont soumises à des pratiques de toutes sortes qui entravent leur développement, qui violent leurs droits fondamentaux. Et ces pratiques ne sont pas sans conséquence sur leur vie physique, psychologique, morale, qu’intellectuelle. En effet, ces filles sont privées de tous leurs droits, d’une existence paisible.
Pour pallier ce problème, quarante-trois (43) villages du département de Kantché dans la région de Zinder se sont réunis ce week end pour prendre des engagements afin de mettre fin désormais à toutes ces pratiques néfastes à l’endroit de la jeune fille et de la femme. Dans sa déclaration du 7 novembre 2021 devant les autorités coutumières et administratives de Kantché, Mme Abdul Aziz Rabi Soumana, directrice régionale de la promotion de la femme de Zinder explique « quarante-trois (43) chefs des villages ont pris des engagements pour dire qu’à partir d’aujourd’hui nos villages vont abandonner toutes les mauvaises pratiques à l’endroit des enfants ». Notons que les enfants et les femmes sont les couches les plus vulnérables dans les sociétés. Ils subissent de nombreuses pratiques qui les affectent sur tous les plans. Dans la plupart des cas, surtout en milieu rural, les jeunes filles et les femmes sont les plus marginalisées. Elles n’ont pas leur mot à dire dans la prise des décisions. Elles doivent seulement obéir. Quant aux jeunes filles, elles peuvent être donner en mariage précocement ou même forcément. Et du coup, elles sont parfois exposées à plusieurs risques de santé comme la fistule obstétricale et tant d’autres maladies. Au terme d’une étude menée au Niger en 1995, il ressort que 88% des femmes qui ont souffert de la fistule obstétricale appartiennent à cette tranche d’âge, celles dont leurs organismes ne sont pas encore matures pour procréer.
Outre les risques sanitaires dû au mariage précoce et forcé, on peut citer entre autres: le viol, l’excision ou mutilation génitale féminine, le placement-trafic et traite des enfants, le non accès au système éducatif, à l’information, aux services de santé reproductive…etc.
En effet, tous ces facteurs portent atteintes à la pleine jouissance de ces filles et femmes. Selon un rapport de l’UNICEF, au cours de l’année 2005,130 millions de filles étaient soumises à l’excision/mutilation génitale féminine(E/MGF). Le placement se caractérisant par le retrait des enfants surtout les filles du milieu rural de leurs familles pour le milieu urbain où ces dernières se livrent à toutes sortes de délinquance.
Dans ce sens l’Etat à travers le ministère de la promotion et la protection de la femme et de l’enfant en collaboration avec l’UNICEF, fonds des nations unies pour l’enfance a mis en œuvre depuis 2011, le programme de lutte contre les pratiques néfastes à l’égard des enfants et des femmes.
Mais, cette fois-ci avec l’implication de la communauté, parce que les chefs des villages sont les responsables, ils sont chargés, censés transmettre, de faire appliquer les nouvelles règles dans les sociétés. Et sans leur implication, l’Etat seul ne peut rien faire.
Et « ils ont pris jusqu’à huit (8) engagements, donc le premier c’est par rapport à l’âge du mariage, ils ont dit qu’ils vont aller jusqu’à 16 ans pour donner les filles en mariage, mais ce que nous voulons, c’est vraiment 18 ans, mais ça va venir progressivement » souligne Mme Abdul Aziz Rabi Soumana. En effet, le Niger est parmi l’un des pays de l’Afrique de l’Ouest où le taux de mariage précoce est le plus élevé. Selon l’UNICEF, Trois (3) filles sur quatre (4) se marient avant 15 ans, l’âge fixé par l’article 44 du code civil du pays. Dans le monde, on estime que 82 millions de filles âgées de 10 à 17 ans seront mariées avant leur 18 ans. Aussi, le mariage des jeunes filles constitue un frein à l’éducation.
A la directrice régionale de la promotion de la femme de Zinder d’ajouter « qu’ils ont pris également l’engagement de suivre la scolarité des enfants parce que c’est le gros de problème ». Au Niger, seules 23% des jeunes filles âgées de 15 à 24 ans sont alphabétisées. Selon, l’UNICEF, plus de la moitié des enfants et adolescents âgés de 7 à 16 ans ne fréquentent pas l’école au Niger. Alors que l’éducation d’un enfant permet le développement social, économique et culturel dans une société.
Mme Abdul Aziz indique qu’ils ont aussi pris entre autres, l’engagement d’accompagner leurs épouses qu’elles fréquentent les centres de santé. C’est vraiment des engagements qu’il faut saluer. Parce qu’une fois enceinte, le premier contact de la femme, elle doit le faire au niveau d’un centre de santé.
Enfin, la directrice régionale de la promotion de la femme de Zinder, Mme Abdul Aziz Rabi Soumana compte organiser des suivis périodiques dans ces dits villages afin de mettre tous les enfants à l’abri des abus, des exploitations et violences et aboutir à un changement de comportement positif.
Mme Abdul Aziz Rabi Soumana interviewé par Mariama Nouhou
Rabi Assoumane Hamani