Culture : le musée régional de Zinder en agonie

Le musée régional de Zinder n’a actuellement de musée que le nom, car le bâtiment principal et les pavillons présentant les collections sont en ruines. La situation se détériore depuis…
Culture : le musée régional de Zinder en agonie
Musée régionale de Zinder / CC / Studio Kalangou

Le musée régional de Zinder n’a actuellement de musée que le nom, car le bâtiment principal et les pavillons présentant les collections sont en ruines. La situation se détériore depuis quelques années, comme l’a constaté l’équipe du Studio Kalangou ayant séjourné dans la région en mars 2022. 

Un peu d’histoire

Le musée régional de Zinder a été créé dans les années 80, à l’initiative du conseil régional de développement. Avec d’abord un pavillon témoin se trouvant dans le bâtiment principal, où sont exposées les collections du patrimoine culturel de la région et du Niger.  Mahamane Sani Abdou, directeur du musée régional de Zinder « le  musée  a été créé en 1988 par le conseil régional de l’époque, c’était le conseil régional du développement, présidé par Adamou Moumouni Zermakoye colonel, préfet de Zinder d’alors, avec le soutien de la chefferie traditionnelle, dont le sultan du Damagaram Boubacar Sanda. ».

Le second site se trouve du côté de l’ex hippodrome, nommé Champs de Courses, pour offrir un espace grandeur nature au musée, explique le directeur. « Là-bas, nous avons trois pavillons : on a le pavillon haoussa,  qui reflète l’architecture haoussa, le pavillon colonial, qui symbolise le passage de la colonisation française et le pavillon Heinrich Barth qui symbolise le séjour de l’explorateur allemand à Zinder en 1856. Et un autre pavillon qui fait office de salle de documentation. ».

Les pavillons de ce second site datent des années  90. Aujourd’hui, les lieux sont anarchiquement occupés par des établissements scolaires et commerciaux. Et les structures pavillonnaires sont complètement en ruines. « Là-bas aussi, c’est un spectacle désolant auquel vous allez assister. », poursuit le directeur. 

Sur le terrain, quelle est l’évolution de la situation ?

Les responsables du musée attendent toujours une réhabilitation qui tarde à venir. Au moment de la  fête tournante du 18 décembre 2018, Zinder Saboua, une rénovation a été amorcée. Après cette lueur d’espoir, le chantier s’est vite retrouvé à l’arrêt.  Laissant le bâtiment et les pavillons du 1er et du 2nd site s’affaisser. « De l’extérieur, vous avez l’impression que tout semble marcher, mais malheureusement à l’intérieur, c’est le bâtiment qui est en train de chuter ».

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Etat du musée régional de Zinder

Quant aux collections, elles sont malheureusement entreposées dans un local des environs, loin des regards des visiteurs. Comme le déplore le directeur du musée : « Les objets, nous les conservons mais seulement les visiteurs n’ont pas accès… Nous recevons des visiteurs mais ce qu’on pourra leur donner c’est juste la communication, échanger seulement, ils ne peuvent pas voir les collections ».

Quelles solutions pour réveiller ce haut lieu culturel de Zinder ?

Face à cette situation, aucune réaction de la part de la population. Pour le responsable muséal, l’essentiel reste incontestablement la réhabilitation du bâtiment principal, qui abrite le pavillon témoin, fait en terre. Pourtant reconstruire ce pavillon en terre doit être abordable dans un pays comme le Niger, selon le directeur du musée. 

Il déplore  la situation, « c’est du gâchis, le fait de créer un musée et qui n’a pas connu d’évolution. Qu’est-ce qu’on va donner à la génération montante ? Ils sont nombreux à venir… Malheureusement, ils ne font que visiter l’espace et faire des photos et puis retourner. ».

Réveiller la conscience collective, conjuguer les efforts. Entreprendre à la hauteur des moyens existants. Continuer les plaidoyers auprès des autorités compétentes et leurs partenaires, même si selon le directeur du musée régional de Zinder, les longs plaidoyers n’ont rien donné : « On a fait ampliation au niveau du ministère, au conseil régional, au gouvernorat, il n’y a pas eu de réaction », a-t-il indiqué dans le magazine publié sur Studio Kalangou le 21 octobre 2021.

Talatah ABDOU BAHAR