Les autorités nigériennes ont opté pour des centres de regroupement comme stratégie permettant la continuité de l’éducation en situation d’urgence.
Le Niger vit l’une des pires crises éducatives de son histoire. Une flambée exacerbée par l’insécurité dans les zones de conflit. Particulièrement dans la région de Tillabéri.
À la date du 6 avril 2022, cette région de l’ouest nigérien enregistre 720 établissements scolaires fermés pour raison d’insécurité. Et ce, avec un effectif de plus 62 000 élèves affectés par ce choc. Le 15 février, Ouhoumoudou Mahamadou, premier ministre du Niger déclarait que cela est « une préoccupation majeure pour notre pays ». Dans ce contexte, l’enseignement peut se dérouler sous différentes formes notamment à travers le regroupement des élèves. C’est d’ailleurs cette stratégie qu’a adoptée le ministère de l’éducation nationale.
Vingt-neuf centres de regroupements seront mis en place par les autorités nigériennes. Selon le Premier ministre, autour desdits centres, « un paquet d’activités doit être organisé ». Il comprendrait la construction des infrastructures adaptées. Aussi, ces centres de regroupements seront dotés de cantines scolaires.
Il faut noter que parmi ce paquet d’activités figure la prise en charge psycho sociale des élèves ainsi que des enseignants. Ces activités seront accompagnées par « la fourniture d’intrants pédagogiques, la mise en œuvre des programmes accélérés d’enseignement et d’apprentissage ». Le premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, a exhorté les partenaires à « s’inscrire dans cette stratégie ». Afin d’assurer « la continuité pédagogique à tous ces enfants en situation de décrochage scolaire » à cause de l’insécurité.
Cette stratégie de prise charge de l’éducation en situation d’urgence est un aspect majeur du plan de réponse humanitaire 2022.
Le 22 février 2022 a lieu le lancement officiel des centres de regroupement dans le département de Ouallam.
Les centres de regroupement
Dans le département de Ouallam, 3 737 élèves dont 1 753 filles sont privées de leur droit à l’éducation. Une privation intervenue à la suite à la fermeture de 60 écoles dont 2 du secondaire pour cause d’insécurité.
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Éducation des enfants : comment s’y prendre ?
Afin de répondre à la crise et de permettre aux enfants déplacés de pouvoir réintégrer le système scolaire ; 29 centres de regroupement sont annoncés permettant ainsi aux enfants déplacés de pouvoir réintégrer l’école.
L’objectif de ces centres « est d’améliorer les sites de ces écoles pour accueillir un plus grand nombre d’élèves déplacés ».
C’est dans ce département qu’ont vu le jour les trois premiers centres dont un dans le village de Samtigué, les deux autres sont localisés sur le site des déplacés internes de Ouallam ; Medina 1 et Medina 2.
Les écoles
Medina 1 accueille actuellement 715 élèves dont 352 filles et 363 garçons dans six salles de classe construites et 8 classes projetées avec neuf enseignants opérationnels. Quand à Medina 2, c’est un centre de regroupement d’éducation en situation d’urgence. Elle accueille des élèves dont les écoles sont fermées pour cause d’insécurité.
Dans ledit centre, 799 élèves dont 380 filles poursuivent leur éducation dans 15 salles de cours avec 16 enseignants.
L’école Samtigué, sert principalement de centre de regroupement. Elle accueille 203 élèves dont 113 filles. Il faut savoir que sur les 203 élèves de cette école, 170 enfants sont des déplacés.
Face à ce type d’éducation, une approche multidimensionnelle incluant l’éducation, la santé, la nutrition et la protection est necessaire.
Les autorités nigériennes ainsi que leurs partenaires ont prévu dans la plupart des centres de regroupement des cantines scolaires.
Les cantines scolaires
Sur le site des déplacés de Ouallam, les écoles Medina 1 et Medina 2 disposent des cantines scolaires.
L’alimentation fournit est destinée aux enfants des réfugiés et des personnes déplacées internes. Ainsi que les populations hôtes de la ville de Ouallam qui, fréquentent l’école primaire. « Ces enfants peuvent ainsi bénéficier d’un repas chaud afin qu’ils puissent pleinement se concentrer sur leurs études ».
Amina Boureima est une déplacée, une des femmes chargée de cuisiner dans la cantine de l’école. « Nous cuisinons chaque jour pour les élèves » nous a-t-elle confié.
Deux repas journaliers sont servis aux apprenants souligne cette dernière.
Grâce à la cantine, dit-elle, « les enfants fréquentent l’école, dès l’âge de quatre ans. Les jours de classes, on ne retrouve aucun enfant en âge d’aller à l’école qui erre sur le site, tous sont en cours ». Elle précise, qu’avant les enfants de ne fréquentaient pas l’école.
Selon OCHA, « l’éducation joue un rôle majeur dans la consolidation de la paix et la cohésion sociale ». Les centres de regroupement sont des passerelles qui aident les familles déplacées à retrouver de l’espoir.
Faride BOUREIMA.