Alphabétisation des femmes déplacées internes, un facteur de développement

Il est 10 : 00 sur le camp des déplacés de Tadress à la périphérie de la ville de Tillabéri. À la lisière d’une aire de jeux d’enfants, une maisonnette…
Alphabétisation des femmes déplacées internes, un facteur de développement
Salle de cours d'alphabétisation sur le camp de personnes déplacées de Tadress, Tillabéri le 9 juin 2023 / Crédit photo : Faride Boureima / Studio Kalangou

Il est 10 : 00 sur le camp des déplacés de Tadress à la périphérie de la ville de Tillabéri.

À la lisière d’une aire de jeux d’enfants, une maisonnette en paillote attire notre attention. C’est une salle de cours pour personnes adultes. On y enseigne l’alphabétisation aux femmes déplacées de Tingara ayant fui les violences des groupes armés non-étatique dans la région de Tillabéri.

Sous les paillotes transpercées par les rayons solaires, une vingtaine de femmes reçoivent un enseignement d’adulte.

Selon l’UNESCO, « Malgré les efforts concertés au niveau mondial, on estime que 763 millions d’adultes dans le monde n’ont toujours pas de compétences de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul, dont deux tiers de femmes ». Au Niger, pour améliorer le taux d’alphabétisation (31,1 % RGPH 2012) les autorités veulent enrôler 70 000 adultes et 50 000 jeunes de 9 à 14 ans non scolarisés et déscolarisés par an jusqu’en 2026.

L’alphabétisation, un droit vital de promouvoir les droits et autonomiser les femmes. Un pas crucial vers le développement.

Un atout dont bénéficie Haoua Yayé. Avant cette formation, dit-elle « mes camarades arrivaient à lire quelques mots, mais moi, j’en étais incapable ». Avec ces cours d’alphabétisation dispensés en langue Zarma, Haoua arrive à compter. « Je suis capable de reconnaitre par exemple le chiffre 10, le 6 ou encore le 9 ». Lorsqu’elle n’avait pas intégré cette formation, souligne-t-elle, « je voyais les chiffres comme des figures et taches noires ».

Les cours d’adultes ont beaucoup d’avantage explique Haoua Yayé. « On peut faire la distinction entre les extraits d’actes de naissance de mes enfants, mais lorsqu’on a pas étudié, ce n’est pas possible ».

Maintenant, « Si l’enseignante m’envoie au tableau pour un exercice ou me demande d’écrire sur mon ardoise, je peux le faire sans peur ni hésitation ».

Haoua se dit reconnaissante pour cette formation en alphabétisation qu’elle reçoit sur le camp des déplacés de Tadress.

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Il est à noter que les cours d’alphabétisation comprennent des séances de sensibilisation, d’orthographe, de grammaire, de mathématiques et les unités de mesure. 

Les apprenantes sont également exigeantes en posant des questions de la vie courante en classe rappelle l’enseignante. « Elles ont une fois demandé la signification de l’unité de mesure, le millimètre qu’elles entendent à la radio. Ce n’est qu’avec ces enseignements qu’elles l’ont comprise ».

Deux groupes de femmes participent aux cours d’alphabétisation dispensée par Haoua Hamadou. « Le premier groupe est composé de 25 personnes et le cours est dispensé de 10h à 14h tandis que le second groupe est pris en charge de 14 à 17h voire 18h ».

Selon Haoua Hamadou, la différence entre l’enseignement formelle et l’alphabétisation est minime. « Si tu sais lire en zarma ; tu pourras lire en français facilement ». C’est un des avantages. Le second avantage, la personne qui a fréquenté l’école formelle et fait l’alphabétisation peut être recrutée pour dispenser ces cours d’adultes rappelle l’enseignante.

Au Niger, les programmes d’alphabétisation ont débuté dans les années 1960.

Par Faride Boureima.